dimanche 15 août 2010

Deux semaines après...

Nous sommes le 15 aout 2010, il est 17h, cela fait maintenant presque trois semaines que j’ai changé de vie. Et (déjà ?) deux semaines de cours derrière moi, à l' Alliance française de João Pessoa, au rythme (provisoire) de 16h par semaine…  Je fais maintenant partie d’une nouvelle espèce, bien connue de nous tous, puisque longtemps étudiée, mais jamais palpée : les Fletistes (à ne pas confondre avec les flutistes, joueurs de flûtes, flûtes traversières, pipos et autres tubes troués).

Fletiste : nom générique désignant les membres d’une certaine tribu, unis par les mêmes angoisses, difficultés et préoccupations en tout genre. Leur quotidien tourne autour de notions abstraites telles que : « enseigner », « apprenants », approche actionnelle », « grammaire du français », « unité didactique », « objectif de communication », « niveau du CECR » et autres délices.
Milieu naturel : partout dans le monde, particulièrement là où ils ne connaissent personne, sont éloignés de tout ce qui leur est familier et où ils peuvent accepter des missions suicidaires. Pour ma part, ma transformation a eu lieu à João Pessoa, (petite) ville du Nordeste du Brésil, une des plus anciennes du pays, capitale de l’Etat de la Paraíba. Avec ses presque 700 mille habitants, elle représente le point le plus oriental des Amériques : le soleil se lève d’abord ici. Et ici, tous les ingrédients sont présents pour donner l’impression d’être sous les tropiques : la chaleur, l’humidité (il pleut encore pas mal, c’est l’hiver), les cocotiers, la plage à 3 minutes à pied, le sable, les brésiliens qui envahissent la maison sans que tu saches vraiment qui ils sont, la bouffe composée à 90% de riz, pâtes, haricots noirs et patates, les jus de fruits que tu ne savais même pas que ça pouvait exister, la musique super forte du voisin d’en face à 23h. Bref, pour ma part que de bons souvenirs !
Nourriture : internet, méthodes de français et bouquins divers. Comme c’est dur d’être intéressant tous les jours de la semaine, avec toutes les classes. Et le pire c’est que si tu ne l’es pas, on va te le reprocher, on pourra voir la déception dans les yeux de tes chers apprenants. Alors tu cherches, cherches des idées, partout, tout le temps, même pendant ton sommeil. Mais ça ne suffit pas : tant pis, aujourd’hui, on suivra bêtement la méthode. La méthode c’est bien : c’est un fil rouge que tu peux et dois suivre afin de remplir tous les objectifs. Les adultes l’aiment bien, et se préoccupent de bien la suivre, de faire toutes les activités proposées : « Mais professeur (oui c’est moi !), on ne fait pas les pages 14 et 15 ? ». Non Madame écrire une liste de prénoms français n’est pas une activité que je trouve intéressante. Avec les ados par contre : « Professeur, on ne peux pas faire des activités dynamiques ? ». Non mademoiselle, on ne peut pas rester 1h30 debout dans la salle de classe : il y a des moments où il faut se poser et réfléchir. « Avec notre ancien professeur, on allait faire des jeux dans le jardin », d’accord, maintenant je connais le niveau que je dois atteindre pour arriver à les intéresser. Mais il y a aussi des moments de grande satisfaction : lorsqu’une mère vous appelle pour dire que sa fille ne viendra pas mais qu’elle veut à tout prix savoir les devoirs car elle aime vraiment beaucoup les cours (YES !). Ou encore lorsque 2 jeunes filles discutent en disant « elle est pas chou la prof ? ». Enseigner : je pense que maintenant j’ai ça dans le sang. N’ais-je pas réussi à faire passer la pilule des verbes pronominaux à des ados pré-pubères plus occupés à savoir s’ils pouvaient sortir 10 minutes avant la fin ? Pourvu que ça dure !


Je vous tiens au jus !

4 commentaires:

  1. Coucou Marine,

    C'est parti pour l'aventure !

    Bonne continuation.

    Bisous. Marie-Jo

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  2. Marine!!!!!

    Je suis contente pour toi!! et en te connaissant bien:) je suis sûre que ça va durer!!

    Mil beijos
    Saudades (de verdade verdadeira!!)

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  3. je constate qu'une formidable énergie t'anime! Je te sens heureuse dans ce pays, dans ton travail...j'en suis ravie!
    Enseigner...tout un poême...difficile, certes mais tellement gratifiant!
    Bises à toi et merci pour la musique qui accompagne ton blog...un vrai délice!
    anne w

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  4. Salut Marine,
    Me revoici en ligne sur les blogs des fletistes - dont tu donnes une définition ma foi très réaliste. Tu tiens le bon bout apparemment Chica, bravo. Perso, tu fais partie des personnes du groupe classe de l'année dernière dont les compétences d'enseignant ne me faisaient faire aucun souci, Marinette !
    Toujours du bonheur à écouter ta sélection musicale.
    Bises à + bonne continuation, on attend les prochaines nouvelles.
    Anne-Marie

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